Jour : 8 avril 2024

Eisenhower contre Hitler – Le stratège et le tyran

Probable exercice de débarquement à Slapton Sands (Devon), plage à la configuration voisine de celles d’Omaha et d’Utah. L’un de ces entraînements, l’opération Tiger (du 22 au 29 avril 1944), tourna au fiasco à cause de l’attaque de vedettes rapides allemandes, ce qui coûta la vie à près d’un millier d’hommes. (© National Archives and Records Administration – Conseil régional de Normandie – Mise en couleur Rodolphe Corbin – CC BY-SA 2.0)


Stéphane William Gondoin

Extrait Patrimoine Normand n°129
Par Stéphane William Gondoin.
 
 
Les « trois grands », Staline, Roosevelt et Churchill, à la conférence de Téhéran. Il y fut confirmé au dictateur soviétique l’ouverture d’un second front en Europe pour le printemps 1944. (© Library of Congress)
Les « trois grands », Staline, Roosevelt et Churchill, à la conférence de Téhéran. Il y fut confirmé au dictateur soviétique l’ouverture d’un second front en Europe pour le printemps 1944. (© Library of Congress)

« Un souverain peut être une cause de trouble pour l’armée de trois façons. Il entrave les opérations militaires quand il commande des manœuvres d’avance et de recul impraticables ; il trouble l’esprit des officiers quand il cherche à intervenir dans l’administration des trois armes alors qu’il en ignore tout ; il sème la défiance chez les hommes en cherchant à s’immiscer dans la distribution des responsabilités alors qu’il ne connaît rien à l’exercice du commandement. » Si le « première classe » Hitler avait lu L’Art de la guerre de Sun Tzu, le cours du Second Conflit mondial eut pu être très différent. Fort heureusement pour nous, il ignorait jusqu’à son existence…

À l’automne 1943, le président américain, Franklin Delano Roosevelt, participe à une série de rencontres internationales : conférence du Caire (du 23 au 27 novembre), avec le Premier ministre britannique, Sir Winston Churchill, et le généralissime chinois Tchang Kaï-Chek ; conférence de Téhéran (28 novembre–2 décembre), toujours avec Churchill, et cette fois-ci le dictateur soviétique Joseph Staline ; seconde conférence du Caire (4–6 décembre), avec Churchill et le président turc ?smet ?nönü. Sur le chemin du retour aux États-Unis, Roosevelt fait escale le 7 décembre 1943 à Tunis, pour y rencontrer le general Dwight David « Ike » Eisenhower. À peine assis dans la voiture de ce dernier, le Président lui déclare sans ambages : « Eh bien, Ike, vous allez commander Overlord. » Sans doute écrasé par le poids des responsabilités qui vient de se s’abattre sur ses épaules, le general répond : « Monsieur le Président, je me doute que pareille nomination a com…

 

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DOSSIER « 6 juin 1944, le Débarquement » (18 pages) :


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Préservation des passerelles flottantes d’Omaha

En 2004, la nouvelle installation proche de la mer est visible par tous les touristes. Elle a été inaugurée lors des commémorations du 60e anniversaire du Débarquement. (© Fabien Brissard)


Michel Levron.

Extrait Patrimoine Normand n°129
Par Michel Levron.

 

À l’occasion du 80e anniversaire du Débarquement, il est intéressant de mettre le projecteur sur des vestiges souvent oubliés de cette grande page de notre Histoire. C’est le cas des passerelles flottantes d’Omaha. Sauvées de la ferraille, elles ont été remontées à Vierville-sur-Mer (Calvados) face à la plage. Cependant, les cinq pontons qui les composent doivent faire l’objet de coûteux travaux de préservation. Pour cela, la Fondation du patrimoine va lancer une campagne de dons. Une autre campagne de la Fondation est, par ailleurs, en cours pour restaurer l’église de cette même commune.

« Murlberry A » : un port artificiel qui n’a pas pu servir

Lors du Débarquement, les forces alliées devaient disposer d’infrastructures portuaires pour rapidement ravitailler les hommes et décharger le matériel. C’est pourquoi deux ports éphémères, composés de passerelles flottantes (whales, baleines en anglais), de plateformes de déchargement articulées et de caissons en béton ont été préfabriqués en Angleterre en 1943. L’un était pour la plage d’Omaha (« Murlberry A », pour American), l’autre pour celle d’Arro…

 

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JO 2024 : « Tout cela est possible parce que la France des territoires s’est largement mobilisée »

Parcours de la flamme olympique, accueil des délégations étrangères dans les centres de préparation, label Terre de Jeux 2024, animations et développement de la pratique sportive… Éclairage sur l’implication des collectivités territoriales dans l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques. Et pour que Paris 2024 soient les Jeux de toute la France.

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Table de Peutinger – Itinéraire de la Normandie gallo-romaine

Partie de la Table de Peutinger concernant la Normandie actuelle. Les cités « normandes » sont mises en évidence dans des encadrés rouges. Ce n’est qu’un infime morceau de la carte qui mesure plus de six mètres. Copie Von Scheyb datée du XVIIIe siècle. (© Österreichische Nationalbibliothek)


Yves Buffetaut

Extrait Patrimoine Normand n°129
Par Yves Buffetaut­.

 

La borne milliaire du Manoir (Ier siècle) anciennement placée dans la commune du Manoir, dans le Bessin, est conservée au musée Baron-Gérard de Bayeux. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)
La borne milliaire du Manoir (Ier siècle) anciennement placée dans la commune du Manoir, dans le Bessin, est conservée au musée Baron-Gérard de Bayeux. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)

Un document exceptionnel permet de connaître géographiquement les différentes villes des provinces de l’Empire romain et les distances qui les séparent : la Table de Peutinger, ou Tabula Peutingeriana. Ce n’est pas une véritable carte, car ce qu’elle montre n­­­’est aucunement une représentation de l’Empire romain, mais plutôt celle d’un réseau, comme les réseaux des transports en commun des villes actuelles qui ne proposent pas une vision réelle des lieux. La Normandie y est parfaitement visible, avec ses grandes villes et une partie de ses voies romaines.

Cette Table de Peutinger est donc essentiellement destinée aux voyageurs, puisqu’elle indique avec une précision certaine les distances entre les villes, soit en milles romains, soit, pour une partie de la Gaule, en lieues gauloises.

 

Une carte romaine réalisée au Moyen Âge

La Table de Peutinger n’est ni romaine, ni gallo-romaine : elle est médiévale ! Pour autant, ce n’est pas un faux ni une invention, mais la copie réalisée vers 1265 par un moine de Colmar d’une carte ayant disparu depuis. Elle montre non seulement l’Empire romain, mais aussi l’Inde, et la Chine y est même mentionnée. Est-il possible de dater l’original ? C’est assez difficile, car elle comporte manifestement des données de plusieurs périodes. Même si Rome est représentée de telle façon qu’il s’agit évidemment de la capitale de l’empire, deux autres villes apparaissent comme capitales : Constantinople et Ravenne (élevées à ce rang respectivement en 330 et en 402 apr. J.-C.). Cela prouve donc que la Table de Peutinger date forcément du Ve siècle. Et pourtant, elle indique aussi des villes qui n’existaient plus à cette époque, notamment Pompéi, dé…

 

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Sur les traces de Turchetil, sculpteur roman en Cotentin

Chapiteau présentant un décor guilloché et des entrelacs, église de Sainte-Marie-du-Mont. (© Damien Bouet)


Damien Bouet

Extrait Patrimoine Normand n°129
Par Damien Bouet.

 

Le Cotentin détonne du paysage architectural religieux normand par la concentration d’édifices romans. Dans le Plain, au cœur du Cotentin, un groupe d’églises romanes remarquables se distingue par les similitudes de leurs décors sculptés. Elles illustrent le travail d’un seul et même atelier de sculpture, qui œuvrait principalement dans cette petite région de la Manche au début du XIIe siècle.

Un groupe d’églises du Plain-Cotentin

L’étude des églises du Cotentin, menée par Julien Deshayes en 2013, a permis de regrouper plusieurs églises du fait de leurs filiations architecturales. L’église Notre-Dame de Sainte-Marie-du-Mont – la plus ancienne de ce groupe – présente une série de chapiteaux et de modillons ornés d’entrelacs, d’animaux et de motifs végétaux qui préfigurent les décors des autres églises du groupe. Certains chapiteaux révèlent d’étranges chimères, coiffées d’un bonnet phrygien, caractéristiques des productions de cet atelier, et sans équivalent dans la région. Par ailleurs, on observe des décors représentant des cerfs, des chiens se mordant la queue, ou encore des modillons aux décors variés, à l’instar de Samson terrassant le lion, d’un homme assis sur une cruche enveloppé par un serpent, ou en…

 

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Flers et la « Belle époque » du textile

Le château Renaissance, construit pour Nicolas III de Grosparmy, arbore de hautes tours coiffées en cloche rehaussées d’une lanterne aux pilastres de pierre blanche. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)


Mireille Thiesse

Extrait Patrimoine Normand n°129
Par Mireille Thiesse.

 

L’église néogothique Saint-Germain de Flers, construite au début du XXe siècle. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)
L’église néogothique Saint-Germain de Flers, construite au début du XXe siècle. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)

L’histoire de Flers est empreinte de son prestige féodal dont témoigne le château des comtes de Flers, devenu musée. Cependant, l’architecture et la mémoire de la ville sont marquées par la belle époque du textile dont la ville porte les armes, et qu’elle s’efforce de valoriser.

La seigneurie de Flers et son château

La famille d’Aunou, originaire d’Aunou-le-Faucon, près d’Argentan, possédait la terre de Groselliers, au nord-ouest du château actuel. Foulques, quatrième du nom, seigneur de Flers en 1180, épousa l’une des demoiselles de Flers, nommée Agathe. Son frère Guillaume, en s’unissant à sa sœur, hérita du domaine de Gasprée à la limite de Flers. Ils portaient armes « d’argent à la fasce de gueules accompagnée de trois aigles de même ». Non loin d’ici, les seigneurs de La Lande-Patry acquirent honneurs et puissance aux côtés de Guillaume le Conquérant et de Henri Ier Beauclerc, puis tombèrent en disgrâce en s’opposant au roi Henri II Plantagenêt. Les seigneurs de Flers érigèrent alors leur première forteresse et transmirent leurs titres à Robert II d’Harcourt vers 1340. Robert V d’Harcourt, baron de Flers et de Gasprée, portait armes « de gueules à une fasce de deux piè…

 

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