Jour : 5 octobre 2025

La commanderie de Courval – À l’aube d’une renaissance

Commanderie de Courval. La chapelle date, pour ses parties les plus anciennes, de la seconde moitié du XIIe siècle. (© Stéphane William Gondoin)


Stéphane William Gondoin

Extrait Patrimoine Normand n°135
Par Stéphane William Gondoin.
 
 

Nichée au cœur du Bocage virois, l’ancienne commanderie templière de Courval s’apprête à entrer de plain-pied dans le troisième millénaire, après une longue période de sommeil et d’oubli. Guilleaume et Virginie Van Torhoudt l’ont achetée en novembre 2021 et entendent offrir une nouvelle vie à cette vieille dame qui a connu bien des vicissitudes.

« Les gens d’ici sont très attachés à ce site sans forcément bien connaître son histoire, explique Guilleaume Van Torhoudt. Ils savent qu’il s’agit de la plus ancienne ferme de ce secteur et ils en ressentent une certaine fierté. On venait là auparavant faire des photos pour les grands événements de l’existence, des mariages par exemple, et chacun a au moins un souvenir qui le relie à elle. Nous avons compris ce qu’elle représentait dans le cœur des habitants du Bocage lorsque nous l’avons ouverte pour la première fois au public en 2022, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine : cinq cents visiteurs, curieux de nous rencontrer et d’en apprendre davantage sur notre projet. » Et quel projet !

 

Une chapelle comme point de repère

Mais avant de parler de l’avenir, évoquons le passé. Nous ignorons tout des conditions exactes de la fondation de la commanderie de Courval. On présume néanmoins que les seigneurs de Vassy n’y sont pas étrangers, dans la seconde moitié du XIIe siècle. Comme l’explique fort bien Michel Miguet, certains détails architecturaux de la chapelle permettent en effet d’établir une fourchette chronologique : « Les deux travées orientales, les plus an…

 

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Les Templiers – De l’histoire au mythe de Gisors

La motte castrale et le shell keep de Gisors, dominés par une haute tour maîtresse. (© Stéphane William Gondoin)


Stéphane William Gondoin

Extrait Patrimoine Normand n°135
Par Stéphane William Gondoin.
 
 

Octobre 1307. À l’aube de ce vendredi 13, jour depuis lors frappé du coin du malheur, Jean de Verretot, bailli de Caen, s’occupe en personne de la commanderie de Baugy. Des auxiliaires sûrs se présentent quant à eux à Bretteville-le-Rabet, Voismer, Courval et Louvigny, les autres commanderies de son ressort. Le premier acte d’un drame qui durera plus de six ans.

Les consignes sont claires : procéder à l’arrestation des templiers, chevaliers (nobles) ou sergents (non nobles), et recenser les biens de la commanderie. Dans le bailliage de Verretot, on interpelle un seul chevalier (Gautier de Bullens, à Voismer) et douze sergents, expédiés en prison à Caen. On dresse un inventaire complet de ce que l’on a saisi sur place. Adieu veaux, vaches, cochons, mais aussi moutons, chevaux, céréales des granges, tonneaux de vin, vaisselle, outils, draps…

 

Pour quels motifs ?

Certains reprochent bien des choses, et depuis longtemps, aux membres de la – désormais – feue « armée de Dieu », à commencer par leur responsabilité dans la perte de la Terre sainte, sans rien faire – dit-on – pour tenter de la récupérer. On dénonce surtout leur insatiable cupidité, à l’image du troubadour Despol qui, excusez du peu, convoque Dieu en personne et place dans sa bouche cette condamnation : « les temples et hospitaulx [templiers et hospitaliers, confon…

 

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Les Templiers en Normandie – Histoire d’un grand mythe

Les Templiers en Normandie. (Éditions Spart © Patrimoine Normand­­­­)


Stéphane William Gondoin

Extrait Patrimoine Normand n°135
Par Stéphane William Gondoin.
 
 

Le 27 novembre 1095, le pape Urbain II exhorte à Clermont la noblesse occidentale à se mettre « en route sous la conduite du Seigneur », afin d’arracher la Terre sainte des mains des « infidèles ». Cet appel précipite, l’année suivante, des milliers de guerriers sur les chemins menant vers Jérusalem, à l’image du duc de Normandie Robert II Courteheuse (1087-1106). Le 14 juillet 1099, ces « croisés », comme on les appellera bien plus tard, s’emparent de la ville, se livrant au passage à un carnage.

Les pèlerins occidentaux affluent désormais en Terre sainte, persuadés d’aller marcher dans les pas du Christ en toute sécurité. Fausse sécurité… Jacques de Vitry, évêque de Saint-Jean-d’Acre (1216-1226), explique dans son Histoire orientale que des « brigands et des ravisseurs infestaient les routes publiques, tendaient des embûches aux voyageurs qui s’avançaient sans défiance, en dépouillaient un grand nombre et en massacraient aussi quelques-uns ». Vers 1120, en réaction à ces périls, neuf chevaliers, menés par Hugues de Payns et Godefroy de Saint-Omer, « renonçant au monde et se consacrant au service du Christ, s’astreignirent par une profession de foi et des vœux solennels, prêtés entre les mains du patriarche de Jérusalem, à défendre les pèlerins contre ces brigands et ces hommes de sang, à protéger les routes publiques, à combattre pour le souverain Roi, en vivant comme des chanoines réguliers dans l’obéissance, la chasteté et sans propriété ».

La société médiévale est traditionnellement divisée en trois ordres : d’abord, ceux qui combattent par les armes, ensuite, ceux qui prient et, enfin, ceux qui travaillent pour nourrir tous les autres. On assiste donc ici à une fusion des deux premiers, dans une paradoxale communauté de guerriers-religieux. « Comme ils n’avaient pas encore d’église qui leur appartint, ni de résidence fixe, ajoute Jacques de Vitry, le seigneur roi [N.D.A. : Baudouin II (1118-1131)] leur accorda pour un temps une petite habitation dans une partie de son palais, auprès du temple du Seigneur. […] Et comme ils eurent dé…

 

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DOSSIER « LEs Templiers en Normandie » (17 pages) :


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La Fabrique de patrimoines en Normandie

Restauration d’un tableau par l’une des spécialistes du Labo, reflet de la palette d’actions menées par la Fabrique de patrimoines en Normandie. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)


Damien Bouet

Extrait Patrimoine Normand n°135
Par Damien Bouet.

 

Créée en 2015, la Fabrique de patrimoines en Normandie s’est imposée comme un acteur incontournable de la conservation et de la transmission du patrimoine régional. Héritière de la fusion du CRéCET et de Normandie Patrimoine, elle se distingue en réunissant sous une même bannière un réseau de musées, un ethnopôle dédié à l’ethnologie en Normandie, et un laboratoire de conservation, restauration et imagerie scientifique.

Un service public culturel

Établissement public de coopération culturelle placé sous la co-tutelle de l’État et de la Région, la Fabrique – dirigée par Benjamin Findinier –s’adresse prioritairement aux institutions publiques et aux associations à but non lucratif, mais elle offre également son expertise au secteur privé et aux particuliers. Son champ d’intervention se concentre sur les biens mobiliers et le patrimoine immatériel ; elle n’intervient pas sur les édifices ou l’immobilier, dont le diagnostic reste du ressort des services des monuments historiques de l’État.

Ses missions vont du conseil en conservation préventive à l’appui scientifique et à la restauration d’œuvres. Par ailleurs, elle assure l’organisation d’un réseau de 140 musées normands, une meilleure connaissance des patrimoines ethnographiques et la diffusion de ces sa…

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L’enceinte fortifiée de la Cité de Limes

Vue aérienne du Camp de César en septembre 2024. Depuis le ciel se distingue nettement le tracé triangulaire de l’oppidum dominant la Manche et protégé au nord-ouest par la falaise. Cette perspective met en évidence la relation stratégique entre le site, ses défenses et le littoral environnant. (© Christophe Chappet – SRA Normandie)


Guillaume Blondel

Extrait Patrimoine Normand n°135
Par Guillaume Blondel.

 

Sous l’effet implacable de l’érosion marine, le littoral normand perd chaque année des pans entiers de son histoire. Parmi les sites les plus menacés, une forteresse gauloise, perchée au-dessus de la Manche, est lentement rongée par le recul inexorable des falaises.

Bien identifiée dans le paysage par un talus massif, une vaste enceinte fortifiée d’origine gauloise – connue sous le nom de Cité de Limes ou Camp de César – surplombe la Manche et la côte d’Albâtre à plus de soixante-dix mètres de hauteur. Cependant, le recul du trait de côte et les effondrements réguliers de la falaise de craie effacent progressivement les dernières traces d’occupation de ce remarquable témoignage de l’histoire du bassin dieppois qui est loin d’être un cas isolé. De fait, la DRAC Normandie conduit actuellement une démarche partenariale, à laquelle le service municipal d’archéologie de la Ville d’Eu est associé, en vue d’évaluer les sites menacés par l’érosion du littoral. Cette étude a ainsi été l’opportunité de relancer des recherches sur ce site his…

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La champignonnière d’Orbec – Entre mémoire et savoir-faire

La champignonnière a abrité au fil des siècles une vie sous terre dont subsistent diverses traces. Les exploitants s’astreignent à une récolte quotidienne, y compris les week-ends et jours fériés. (© Viriginie Michelland)


Virginie Michelland

Extrait Patrimoine Normand n°135
Par Virginie Michelland.

 

Depuis le XIVe siècle, la champignonnière d’Orbec a vécu plusieurs vies. Découverte émouvante et passionnante aux côtés des champignonnistes Stéphanie et Olivier Perrel.

Une vie sous terre

La champignonnière a été au fil des siècles le cadre d’une vie sous terre… Comment ne pas avoir une pensée pour les mains anonymes qui en ont griffé la voûte à coups de pioche ? Dans cette vallée fertile de l’Orbiquet, leur travail a permis l’implantation d’une petite ville, puis sa reconstruction pour tourner la page de la guerre de Cent Ans. Comme un symbole de ce renouveau, le clocher de l’église Notre-Dame émerge au-dessus des arbres. L’édifice est visible de la carrière, elle-même exploitée jusqu’au XIXe siècle.

Sous l’égide de la Croix-Rouge, ils passent de longues nuits sur des lits de fortune tout en sortant dans la journée pour traire les vaches, se décrasser dans l’Orbiquet, et même mettre au monde un bébé… Un semblant de vie normale s’organise, avec une répartition des tâches définie lors d’une réunion matinale, et un règlement intérieur qui im…

 

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