Le récit d’une génération guadeloupéenne

Après la récolte de multiples souvenirs de famille guadeloupéenne, Béatrice Bienville a écrit C’est là que mon nombril est enterré, une pièce de théâtre que met en scène Carine Piazzi. Une étape de travail sera présentée vendredi 5 mai au théâtre des Deux-Rives à Rouen en clôture du festival des langues françaises.

Avec une de ses amies d’enfance, Béatrice Bienville est allée recueillir des récits de vie de familles guadeloupéennes. Chez les deux femmes, il y avait un manque. « Il y a tout un pan de l’histoire que nous ne connaissons pas. J’ai grand en Guadeloupe. Puis je suis venue étudier en métropole. Quand je suis arrivée, j’ai ressenti cette différence de culture. Je me suis alors demandé ce que sont une culture et un héritage ».

Avant de récolter des témoignages, il a fallu convaincre. « Les personnes me répondaient qu’elles n’avaient rien à me dire, que tout cela était du passé, qu’elles allaient bien et n’avaient pas besoin de parler. En fait, elles avaient beaucoup d’histoires à raconter. La Guadeloupe qui est devenue un département français en 1946 a souffert d’un manque d’aide. Les habitants n’ont pas eu accès à de nombreux produits, comme les vêtements, le savon… C’était un peu la misère », explique Béatrice Bienville.

Au final, Béatrice Bienville mène une vingtaine de longs entretiens. Une riche matière qui a été le point de départ de l’écriture de C’est là que mon nombril est enterré, une pièce de théâtre que met en scène Carine Piazzi de la compagnie KonfisKé(e) lors du festival des langues françaises. L’autrice guadeloupéenne a besoin d’être confrontée à une réalité pour imaginer une fiction. « Je crois au pouvoir de la fiction parce qu’elle peut emmener vers le tragique, vers le burlesque ». Elle permet également de faire des sauts dans le temps. Béatrice Bienville fait entendre des personnages connus, comme Christophe Colomb, Robespierre, Solitude, une femme emblématique. Elle assemble ainsi les morceaux d’un puzzle pour comprendre l’histoire de son île.

photo : compagnie Konfiské(e)

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