Comment adapter les logements au vieillissement ?

Dans
quelques mois, au 1er
janvier 2024, le dispositif « Ma
Prime Adapt »
devrait rentrer en vigueur. Cette aide financière est destinée aux
propriétaires âgés de plus de 70 ans, afin qu’ils adaptent leur
habitat à leurs besoins liés à la perte d’autonomie et de
mobilité. Intégrée dans le plan gouvernemental « anti-chute »
pour les seniors, la mesure avait déjà été préconisée en 2021
par le rapport interministériel « Nous
vieillirons ensemble : 80 propositions pour un nouveau pacte
entre générations ».

L’enjeu
à la fois sociétal et économique, est majeur : en 2050, en
France, 4,8 millions de personnes auront plus de 85 ans, contre 2
millions aujourd’hui, d’après le Haut-Commissariat au Plan. En
février dernier, il a publié une étude prospective consacrée à
l’adaptation des logements à horizon 2030-2050, qui distingue deux
situations qui impliquent des solutions différentes. La première
est celle des « 75-84 ans » qui connaissent les
premières fragilités physiques, psychiques ou sociales mais restent
autonomes. Sous certaines conditions, leur logement existant, adapté,
peut constituer une solution. La seconde situation concerne les
« 85 ans et plus » qui perdent plus souvent leur
autonomie. Elle rend nécessaire l’hébergement en habitat alternatif
ou en établissements d’hébergement pour les personnes âgées
dépendantes (Ehpad). Afin de reculer le plus possible le moment de
cette dernière étape, les rapporteurs proposent, notamment, le
développement d’un « habitat
alternatif »
et le « déploiement
massif de l’offre d’aide à domicile ».

Chemin
lumineux

Concrètement,
les professionnels du logement s’efforcent d’apporter des
solutions. C’est ce qu’a montré l’intervention de plusieurs
d’entre eux au cours de la 5e
journée nationale de la Silver économie (qui regroupe les acteurs
de cette filière), le 27 avril, à Paris. En particulier, il existe
une situation spécifique qui concerne les locataires du parc de
logements sociaux. Lequel est particulièrement concerné, avec
quelque 300 000 et 400 000 locataires vieillissants, selon les
chiffres de Mario Bastone,
directeur général d’Enéal, la foncière médico-sociale du
groupe Action Logement. « Il
nous faut trouver des solutions pour eux (…) Comme ailleurs,
les personnes âgées veulent rester chez elles le plus longtemps
possible, dans leur quartier. Et elles ne disposent pas de marge de
manœuvre financière pour partir dans le Pays basque à la
retraite »,
explique-t-il. Le groupe travaille donc à adapter les logements (par
exemple, avec des douches adaptées). Toutefois, « cela
ne suffit pas. En effet, si la personne est isolée, il faut être en
mesure d’apporter un service, un accompagnement »,
ajoute Mario Bastone. Enéal travaille donc à structurer des
prestations de services, en coordonnant les acteurs médico-sociaux
de quartier. Par ailleurs, si l’Ehpad demeure la solution, « le
bout du bout »,
Mario Bastone estime qu’entre le maintien à domicile
et l’Ehpad, il existe une marge dans le parcours
résidentiel. « Les
résidences services sont aujourd’hui réservées à des personnes
qui ont des moyens »,
note-t-il. Pourquoi pas des « résidences
services sociales ? ».

Partout,
et sur différents plans, des solutions nouvelles s’inventent. Quel
que soit le statut du logement, au quotidien, « on
a longtemps regardé la domotique avec sarcasme, mais elle peut
améliorer la vie des gens et des aidants »,
affirme Emmanuel
Balandras,
directeur partenariats et relations extérieures chez Legrand France
(interrupteurs,
prises électriques, disjoncteurs …). Par exemple, il est possible
de créer un « parcours
lumineux »
à suivre la nuit pour aller aux toilettes, ce qui évite la crise
d’angoisse qui naît d’un état confus. Autre exemple, le
« portier
visiophone » :
l’aidant peut se faire installer un transfert d’appel depuis le
vidéophone à la porte d’entrée d’une personne âgée, pour
savoir qui sonne à la porte et même, éventuellement, lui interdire
l’accès. Une solutions simple, qu’un électricien est en mesure
d’installer.