À Dieppe, l’Institut de soudure s’agrandit

Alors que les centrales nucléaires finissent de panser leurs plaies dues à la corrosion sous contrainte, le développement d’une école de formation en soudure sur le territoire dieppois fait figure de très bonne nouvelle. Déjà présent à Dieppe depuis 2020, l’Institut de soudure a en effet pris ses quartiers à Eurochannel à Martin-Eglise en mars dernier et inaugurait ses nouveaux locaux le 11 mai. La présence des principaux représentants du pôle industriel dieppois et des élus du territoire témoigne de l’importance de cette implantation.
« Avec l’arrivée de l’EPR 2 à Penly, ce sont 10 000 emplois qui vont être créés dont 50 % le seront directement sur notre territoire », a ainsi pointé Sébastien Jumel, député, dont le père était lui-même soudeur. Autant dire que le besoin en soudeurs et tuyauteurs va croître significativement, dans le sillage d’une volonté affichée d’accroître la réindustrialisation. « En France, il manque 5 000 soudeurs aujourd’hui », a rappelé Antoine Legros, président du groupe Institut de soudure. « Et l’attractivité des métiers de EDF ne doit pas conduire à siphonner les savoir-faire de nos PME et ETI en place », a poursuivi l’élu. Les besoins en formation sont donc là, ultra présents. Et leur développement doit se faire « au plus près des entreprises, au plus près des habitants », a insisté Nicolas Langlois, le maire de Dieppe.
Former 60 tuyauteurs par an
Des enjeux (et des opportunités) que l’Institut de soudure avait bien en tête en répondant au Plan Régional de Formation du conseil régional de Normandie. « C’est un pari sur l’avenir que nous faisons en nous implantant ici », a défendu Antoine Legros. Déjà présent à Gonfreville-l’Orcher, où il dispose de l’un de ses plus importants centres de formation professionnelle en France, l’Institut de soudure compte donc rapidement développer les effectifs à Dieppe, dans le sillage du renouveau nucléaire. « Aujourd’hui, notre cible est clairement sur le développement des EPR 2, pointe Jean-François Lecoq le directeur du site dieppois. Les besoins en formation augmentent et vont être exponentiels ».
Dix stagiaires sont actuellement en formation de soudeur tuyauteur. Et l’objectif est de doubler, voire tripler, rapidement ces effectifs. Reste à trouver les candidats. « Un des enjeux, c’est le recrutement », constate Jean-Hugues Duban, directeur de la communication du groupe Institut de soudure.
Les élus (ici Nicolas Langlois – maire de Dieppe, Sébastien Jumel – député et Jean-François Bloc – conseiller régional) ont pu découvrir la diversité et la technicité des métiers de la soudure, ainsi que le matériel de pointe utilisé pour la formation des stagiaires à Dieppe. (© Aletheia Press / B.Delabre)
85 % de taux d’accès à l’emploi
Pour le centre de Dieppe, celui-ci se fait principalement via Pôle Emploi auprès de personnes sans aucune formation ni expérience en soudure. Elles peuvent obtenir en six mois un CQP ou un Titre professionnel et ainsi intégrer directement un emploi. « Ce sont des métiers passionnants et avec plus de 85 % de taux d’accès à l’emploi, souligne Jean-Hugues Duban. La plupart des stagiaires ont déjà trouvé un emploi avant même la fin de la formation. »
On l’aura compris, la demande est forte et le pari d’une implantation dieppoise n’est pas très risqué pour l’Institut de Soudure. Le groupe est d’ailleurs en fort développement. « Nous avons fait, en 2022, 109 M€ de chiffre d’affaires, contre 102 M€ en 2021 et moins de 100 M€ l’année précédente », illustre Jean-Hugues Duban. 20 M€ sont réalisés sur le secteur de la formation (le reste étant réparti sur des missions d’expertise ou de contrôle, principalement). L’Institut accueil (à l’échelle nationale) 12 000 stagiaires par an dont 50 % en formation pratique, et a lui-même créé 250 emplois depuis quatre ans.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre