Enfin! ça bouge un peu dans le bon sens au Mont-Saint-Michel depuis une autorité qu'on pouvait penser comme définitivement perdue pour ce qui est de défendre et de valoriser l'intérêt général du site historique normand le plus visité de France avant la crise sanitaire du Covid.
En effet, un vent nouveau souffle au pied de l'archange, dans la rue commercante du village totalement désertée, dans la petite salle municipale qui surplombe le pont-levis qui garde l'entrée: la commune du Mont- Saint-Michel a un nouveau maire et la crise exceptionnelle que nous vivons lui ouvrant grand les yeux, Jacques Bono a décidé de prendre enfin quelques mesures qualitatives indispensables pour redorer le blason du Mont quelque peu terni par un tourisme de masse sans aucune imagination.
C'est un bon début!
Redorer le reliquaire c'est bien mais chasser les crapauds qui y prospéraient avant la crise avec le projet qualitatif d'une destination historique, artistique, culturelle et spirituelle normande ce serait mieux!
Avranches. Le maire veut imaginer un nouveau Mont
Le Mont-Saint-Michel. Le nouveau maire du Mont-Saint-Michel, Jacques Bono, dresse le premier bilan d’une année 2020 marquée par le renouvellement du conseil municipal et par la crise sanitaire.
Entretien avec Jacques Bono, maire du Mont-Saint-Michel
Après ces six premiers mois à la tête de la commune du Mont-Saint-Michel, quel premier bilan en tirez-vous ?
On a fait la campagne des municipales, on a prévu des projets techniques, des projets humains et peu de temps après, le Covid-19 arrive. 2020 a été une année éprouvante, avant tout, physiquement et psychologiquement. Il a fallu gérer un premier confinement, un déconfinement mitigé puis un second confinement avec ce sentiment d’être en liberté dans une prison. Affectivement, la perte de collaborateurs est toujours difficile et l’éloignement de ceux que l’on aime est insupportable. À cela se rajoutent des prises de décisions rarement populaires, vécues comme des contraintes supplémentaires et injustes, mais nécessaires pour l’intérêt collectif.
Interdire le Mont au public, du jamais vu ? Sauf pendant l’Occupation
Interdire les visites au Mont a été une déchirure. Cela a été également frustrant d’annuler les manifestations programmées, de voir les commerces fermer et le personnel se retrouver au chômage partiel. Cette pandémie nous a fragilisés. Maintenant, nous devons nous poser les bonnes questions. Ce malheur doit être le détonateur et l’accélérateur d’un changement. Le tourisme de masse tel qu’on l’a connu et surtout cette nombreuse clientèle étrangère au rendez-vous chaque année mettront des années à revenir. Nous devons « enchanter » nos futurs visiteurs et touristes et cela passe par le changement.
Quel changement ?
En suivant la tendance actuelle, la recherche du « made in France », c’est une certitude. Le Mont Saint-Michel représente la France à travers le monde. Il doit devenir une vitrine du « savoir-faire français ». Notre volonté est de mettre en valeur ce bien classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Il faut revisiter son éclairage, son fleurissement, sa propreté, l’accueil, les visites via de nouvelles technologies. La grande rue, particulièrement, doit séduire et attirer de nouveaux visiteurs, devenir en soi un lieu de visite et non plus une simple rue d’accès. Il faut mettre en valeur cette rue. Avec mes collaborateurs c’était un de nos objectifs de campagne et pour cela le changement est incontournable. Et comme tout changement, ce n’est pas simple, mais c’est nécessaire si nous ne voulons pas revivre ce que nous venons de vivre. Nous devons construire et non subir notre avenir. À partir de cette situation exceptionnelle, inimaginable il y a dix mois, nous devons imaginer l’inimaginable pour les dix ans à venir.