Crise de nerfs dans les lycées normands (mais aussi ailleurs en France):
Les chefs d'établissements, notamment les proviseurs, sont ulcérés d'apprendre les dernières évolutions du protocole sanitaire et du cadre d'organisation des lycées, par... voie de presse! En consultant, par exemple, dès potron-minet l'application pour smartphone d'un grand quotidien du soir pour connaître la dernière humeur du cabinet d'un ministre de l'Education Nationale qui gère la crise au fil de l'eau et au... doigt mouillé!
Comme toujours, les conséquences sont concrètes. Par exemple, pour diminuer le nombre des élèves présents dans les établissements, faut-il fonctionner en "mode hybride" c'est-à -dire, à la fois, en "présentiel" avec une partie des classes dans les murs du lycée et en "distanciel" avec l'autre restant à la maison (télé-enseignement)? Faut-il faire une rotation des élèves en semaine pair et impair en coupant les effectifs en deux? Sachant que le dilemme consiste à faire respecter un protocole sanitaire renforcé tout en gardant "en même temps" (sic!) au maximum tous les élèves (crainte de l'absentéisme et du "décrochage" scolaire) tout en les distancant au maximum entre des murs que l'on ne peut pas repousser, dans des classes que l'on ne peut pas démultiplier et un dernier passage à la cantine qui ne peut pas se faire à ... 15heures.
A Paris, tant au ministère que sur les plateaux de télé, la position de M. Blanquer n'arrête pas de valser et la rectrice de Normandie fait, elle aussi de la communication de crise dilatoire dans les médias en attendant des consignes claires et définitives d'une hiérarchie jacobine qui a perdu... la tête!
Pendant ce temps-là, du côté de la région Normandie, Hervé Morin a bien raison de garde son sang froid mais alors qu'un projet régional de dotation de tablettes aux lycéens normands en cas de reconfinement partiel ou total des établissements scolaires est en attente depuis juillet dernier, on peut comprendre que le président de la Normandie finisse par perdre patience lui aussi!
Covid-19 en Normandie : « Dans les lycées, nous ferons du cas par cas »
Rectrice de l'Académie de Caen (Calvados), Christine Gavini-Chevet évoque la situation sanitaire dans les lycées, où le brassage des jeunes inquiète élèves, enseignants et parents.
Christine Gavini-Chevet, la Rectrice de l’Académie de Caen (Calvados), assure que les établissements scolaires resteront ouverts. Pour l’instant. (©Nicolas Claich/Liberté – Le Bonhomme libre.)
Actu : La situation sanitaire inquiète nombre de lycéens, mais aussi d'enseignants et de parents d'élèves. Que leur répondez-vous ?
Christine Gavini-Chevet : Le nouveau protocole, publié le 30 octobre, accentue déjà les mesures précédentes. Il sera mis à jour le 9 novembre, avec l'objectif de diminuer le brassage des élèves, notamment au moment de la restauration scolaire, où le respect des distanciations sociales n'est pas évident. Certains établissements pourront ajouter un service à la cantine, par exemple. En primaire et au collège, c'est relativement simple à mettre en place, d'autant que nos établissements ne sont pas bondés.
« Pas de fermeture, pour l’instant »
C'est dans les lycées que se posent le plus de problèmes...
C. G-C. : Nous avons demandé à tous les établissements de la région Normandie de nous proposer un plan de continuité d'ici au 9 novembre. Nous les étudierons au cas par cas, en fonction de la configuration des locaux et toujours en lien avec la situation épidémique. Certains seront peut-être amenés à faire des cours à distance une partie du temps. Mais l'objectif est de rester le plus possible en présentiel. Il est important de ne pas perdre le lien avec les élèves, pour éviter le décrochage. Une chose est certaine : il est hors de question de passer brutalement à 50% du temps à distance. Pour l'instant, il n'est absolument pas envisagé de fermer les établissements comme au mois de mars. Nous sommes relativement confiants car nous n'avons eu que très peu de contaminations en milieu scolaire.
Et Vigipirate ?
À la crise sanitaire s’est ajoutée, après l’assassinat par un islamiste radical de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie à Conflans Sainte-Honorine, un contexte sécuritaire anxiogène autour des établissements scolaires. Ceux-ci font l’objet d’une surveillance particulière dans le cadre du plan Vigipirate. « Nous avons deux crises majeures à gérer en même temps, observe Christine Gavini-Chevet. En terme de priorité, Vigipirate devance la crise sanitaire. Protéger les élèves et nos personnels est notre priorité absolue ».
Quelles solutions pourraient être envisagées ?
C. G-C. : Nous avons déjà reçu des projets d'établissements, qui sont très intéressants. Dans l'Eure, un lycée va proposer un rythme sur trois semaines, avec trois groupes différents : deux semaines en présentiel, une semaine à distance. À Caen, un lycée va mettre en place une partie des cours à distance, sauf pour les élèves repérés comme « décrocheurs » lors du premier confinement. L'idée est de faire connaître ces bonnes pratiques aux autres établissements, sans a priori idéologique.
Certains lycées passent à l'hybride
Certains établissements ont déjà activé leur "plan de continuité" de l'enseignement, après avoir reçu l'aval du rectorat. "Nous avons déjà dit "oui" à certains lycées dont les projets étaient très bien construits", indique Christine Gavini-Chevet.
Les lycées Arcisse-de-Caumont de Bayeux et Jean-Rostand de Caen, par exemple, ont franchi le pas et vont passer rapidement à une partie d'enseignement à distance.
« Un effort particulier pour les bacheliers »
Les élèves de Terminale, qui doivent passer le bac en fin d'année, sont particulièrement inquiets...
C. G-C. : Un effort particulier sera fourni en leur direction. Ils ont déjà été affectés l'an dernier, avec trois mois de cours en moins. Nous ne souhaitons pas, autant que possible, réduire les cours en présentiel. Une réflexion est en cours au ministère. Un comité de suivi a soumis l'idée d'annuler les épreuves communes prévues en novembre et janvier, mais ce n'est pas encore acté.
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Qu'en est-il des classes d'enseignement supérieur hébergées au sein des lycées (BTS, prépa...) ?
C. G-C. : Ces élèves sont considérés comme plus autonomes. Le distanciel serait plus simple à mettre en place. Mais, encore une fois, chaque établissement proposera une solution en fonction de sa configuration.