Catégorie : Citoyen

Des personnalités normandes… inspirantes !

Nikolaj Coster-Waldau, connu sous le nom de Jaime Lannister dans la série « Games of Thrones », jouera le rôle de Guillaume le Conquérant dans une nouvelle série. (© HBO -NICK BRIGGS D.R)

L’histoire est un champ d’inspiration sans limites pour romanciers ou scénaristes, du grand comme du petit écran, pour le meilleur et pour le pire. Nous citerons ainsi Napoléon, récemment revisité par Ridley Scott, la série Netflix The Crown ou, en des temps plus lointains, Les rois maudits, avec la version incomparable de 1972 réalisée par Claude Barma, et la version affligeante – restons polis…– signée Josée Dayan en 2005. Pour comprendre ce que nous entendons par « le meilleur et le pire », il suffira de mettre en perspective ces deux mini-séries, adaptations de la saga littéraire éponyme de Maurice Druon.

Depuis 2022, Netflix propose la série Vikings Valhalla, qui a tiré de l’ombre un personnage par trop méconnu de l’histoire anglo-normande : Emma de Normandie, deux fois reine et mère de deux rois, femme de pouvoir et véritable animal politique. D’aucuns critiqueront les nombreux raccourcis historiques, les invraisemblances du scénario et autres anachronismes de ce genre de programme, mais il convient de les considérer aussi pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des divertissements qui permettent, lorsqu’ils sont bien conçus, d’ouvrir une fenêtre sur d’autres époques et de s’y évader. Pari réussi, à notre sens, pour ces Vikings Valhalla !

Représentation de Emma de Normandie extraite de l'ouvrage Encomium Emmae reginae. (© British Library, Add MS 33241, f. 1v)

Représentation de Emma de Normandie extraite de l’ouvrage Encomium Emmae reginae(© British Library, Add MS 33241, f. 1v)

L’histoire est un champ d’inspiration sans limites pour romanciers ou scénaristes, du grand comme du petit écran, pour le meilleur et pour le pire. Nous citerons ainsi Napoléon, récemment revisité par Ridley Scott, la série Netflix The Crown ou, en des temps plus lointains, Les rois maudits, avec la version incomparable de 1972 réalisée par Claude Barma, et la version affligeante – restons polis…– signée Josée Dayan en 2005. Pour comprendre ce que nous entendons par « le meilleur et le pire », il suffira de mettre en perspective ces deux mini-séries, adaptations de la saga littéraire éponyme de Maurice Druon.
 

 

Et voici qu’un autre Normand devrait prochainement se retrouver à l’affiche de deux séries, comme l’a récemment annoncé Hervé Morin, président de notre région. Un projet serait dans les cartons sur la rive sud de la Manche, un autre sur la rive nord du Channel, produit par la BBC. Vous l’avez deviné : le héros en sera… Guillaume le Conquérant (!), alors que le millénaire de sa naissance (2027) approche à grands pas ! Pour la qualité, nous jugerons sur pièce.

 

Article publié dans Patrimoine Normand n°128 (janvier-février-mars 2024), par Stéphane William GondoinStéphane William Gondoin

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Le hêtre pleureur de Bayeux sera t-il arbre européen de l’année ?

Le hêtre pleureur du jardin botanique de Bayeux. (© Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)

Comme récemment annoncé, le hêtre pleureur du jardin botanique de Bayeux a été lauréat du prix du public lors du concours « L’Arbre français de l’année ». Il sera le représentant de la France dans la compétition européenne. Les votes pour cette nouvelle étape débuteront le jeudi 1er février.

À peine remis de la joie suscitée par cette reconnaissance nationale, la ville de Bayeux se mobilise à nouveau pour une élection qui pourrait consacrer le célèbre hêtre pleureur du jardin botanique au niveau européen.

Chaque année, les arbres nationaux participent à la compétition en vue de remporter le prestigieux titre de l’Arbre européen de l’année. L’année dernière, c’est l’arbre polonais qui a remporté le titre avec 45 700 votes. En 2024, la compétition réunit quinze pays.

Après la récente candidature de Rouen pour le titre de Capitale européenne de la Culture, la Normandie est dans une dynamique de rayonnement à l’échelle du continent. Verdict le 20 mars 2024 ! Espérons que le dénouement sera différent de celui de Rouen.

 

Comment voter ?
 
– Sur le site treeoftheyear.org/vote
– 
Les votes pour l’élection sont ouvert du 1er au 22 février 2024.
 
Article publié par Rodolphe Corbin. Rodolphe Corbin

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Le Havre : exposition « Itinéraires abstraits » au MuMa

Exposition « Itinéraires abstraits » au MuMa, Le Havre.


DATE
Du 28 octobre 2023 au 31 mars 2024.
LOCALISATION :
LE HAVRE (76).

 

En dialogue avec les mouvements d’avant-garde de la fin du XIXe siècle qui forment le cœur de son parcours permanent, quelques quatre-vingts œuvres rarement montrées retracent une histoire subjective, à plusieurs voix, de la non-figuration.

Depuis la disparition du sujet, cette exploration nous invite à interroger certaines des formes qu’a pu prendre l’abstraction – dilution des formes de la nature morte (André Masson, Fernand Léger, Albert Gleizes), effacement du paysage (Nicolas de Staël, Olivier Debré, Geneviève Asse), pur langage plastique et/ou géométrique (Jean Hélion, Maurice Estève, Léon Gischia), importance du geste et sens de l’informel (Zao Wou-ki, Camille Bryen, Albert Féraud, Julius Baltazar), place accordée aux matériaux (Ladislas Kijno, Théo Kerg, Marc Devade)… c’est un voyage sensible que le MuMa engage, un itinéraire à travers des univers, sensations et couleurs qui s’offrent à notre regard comme une autre explication du monde, une ouverture à le percevoir différemment.

 

 

INFORMATIONS PRATIQUES :
 
Musée d’art moderne André Malraux
MuMa
2 boulevard Clémenceau
76600 LE HAVRE
Tél. : 02 35 19 62 62
www.muma-lehavre.fr 

Article publié par Rodolphe CorbinRodolphe Corbin
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Une exposition dédiée au trousseau de mariage au château de Martainville

Exposition « Mon trousseau de mariage » au château de Martainville. Le trousseau comprend le linge de corps et de maison, ou encore le menu linge. (© Yohann Deslandes)


DATE
Du 14 octobre 2023 au 10 mars 2024
LOCALISATION :
MARTAINVILLE-ÉPREVILLE (76).

 

Dans l’intimité des mariées d’hier et d’avant-hier

Le Musée des Traditions et des Arts Normands, installé au château de Martainville, propose une immersion passionnante dans le quotidien des Normands du XVIe au XIXe siècle. On y pousse notamment la porte des chambres à coucher, où coffres, coffrets et armoires abritent les effets personnels des femmes.
 

Le château de Martainville. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand) 

Le château de Martainville accueille une exposition dédiée au trousseau. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)

L’exposition temporaire « Mon trousseau de mariage » présente justement, jusqu’au 10 mars, les 42 pièces du trousseau d’une jeune mariée du XIXe siècle, Sophie Dalet, originaire de Tournedos-Bois-Hubert dans l’Eure. Elles côtoient le trousseau de Zoé Descambos, constitué dans les années 1960.

 

Un marqueur social

Brodé dès le plus jeune âge, avec l’aide des femmes de la famille, alors même que la jeune fille rêve encore au prince charmant, le trousseau constitue par son importance et sa qualité un marqueur social et un élément identitaire fort. On ne peut s’empêcher d’en admirer la finesse, des draps au linge de corps et de maison, en passant par le menu linge (bonnets, coiffes, mouchoirs de cou) et de superbes robes de mariée.

Les mariées d’hier et d’avant-hier dialoguent avec une artiste d’aujourd’hui, Elsa Duault, dont les créations s’inspirent notamment du témoignage, précieusement recueilli, de jeunes filles de l’ancien temps, qui ont accepté, bien plus tard, d’évoquer la constitution de leur trousseau et la broderie de leur drap de mariage.

 

L'exposition « Mon trousseau de mariage » présente notamment d'élégantes robes de mariée. (© Virginie Michelland) Des jeunes femmes aux doigts de fée ont brodé chaque pièce du trousseau. (© Virginie Michelland) La qualité du travail fait de chaque pièce du trousseau une œuvre d'art. (© Yohann Deslandes)
L’exposition « Mon trousseau de mariage » présente notamment d’élégantes robes de mariée. (© Virginie Michelland) Des jeunes femmes aux doigts de fée ont brodé chaque pièce du trousseau. (© Virginie Michelland) La qualité du travail fait de chaque pièce du trousseau une œuvre d’art. (© Yohann Deslandes)

 

Un événement en partenariat avec le magazine Patrimoine Normand.
 

INFORMATIONS PRATIQUES :
 
Exposition visible de 10h00 à 12h30 et de 14h00 à 17h00 et le week-end de 14h00 à 17h30 ;
Fermé le mardi et le dimanche matin ;
Musée des Traditions et Arts Normands
Château de Martainville
76750 MARTAINVILLE-ÉPREVILLE
Tél. : 02 35 23 44 70
www.chateaudemartainville.fr

 

Article publié par Virginie MichellandVirginie Michelland
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Cotentin et Bessin : où voir les marais blancs et les oiseaux migrateurs cet hiver ?

L’hiver au marais du Cotentin et du Bessin : une saison à ne pas manquer ! (©?Guillaume Hédouin)

Le parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin propose un programme très riche pour découvrir son territoire et s’imprégner de l’ambiance si particulière en hiver.

Territoire de 146 650 hectares, situé dans les départements du Calvados et de la Manche, le Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin doit sa renommée à ses 30 000 hectares de zones humides (marais, landes et polders) et à sa fréquentation par de nombreux oiseaux migrateurs

Sa zone de marais de 25 000 hectares – la plus grande de Normandie – est formée par les vallées de cinq fleuves : l’Aure, l’Ay, la Vire, la Taute et la Douve, auxquelles s’ajoutent les marais arrière-littoraux bordant la célèbre plage d’Utah Beach.

Dans ce territoire, qui est l’une des plus grandes zones humides herbagères de France, dès les premières pluies d’automne, les niveaux des rivières montent, et l’eau envahit progressivement le fond des vallées repoussant vers les terres embocagées vaches et chevaux, qui sont alors remplacés par les oiseaux. Ce phénomène spectaculaire, lié à l’abondance des précipitations, culmine au cœur de l’hiver. On dit alors que les « marais sont blancs », une expression attestée depuis le XVIIIe siècle.

Ces paysages spectaculaires font le bonheur des promeneurs, des photographes, et surtout des amateurs d’ornithologie, lesquels peuvent y observer les oiseaux qui profitent de la quiétude des lieux : sarcelles d’hiver, canards souchets… Deux brochures pour visiter : Où voir les marais blancs ? et Où voir les oiseaux ? (voir dans l’encadré ci-dessous), sont disponibles en téléchargement sur le site internet du parc naturel régional, à la Maison du Parc et dans les offices de tourisme du Parc naturel régional.

 

 

Les oiseaux migrateurs des Marais du Cotentin et du Bessin

 

INFORMATIONS PRATIQUES :
 
 
3,village Ponts d’Ouve
Saint-Côme-du-Mont
50500 CARENTAN-LES-MARAIS
Tél. : 02 33 71 65 30
www.parc-cotentin-bessin.fr

 

Article publié dans Patrimoine Normand n°128par Rodolphe CorbinRodolphe Corbin
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L’hêtre pleureur de Bayeux élu arbre de l’année 2023

Le hêtre pleureur du jardin botanique de Bayeux. (© Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)

Le hêtre pleureur du jardin botanique de Bayeux a obtenu le prix du public du concours « L’Arbre de l’année » 2023. Il sera le représentant de la France dans le concours européen. Découvrons son histoire grâce à l’extrait d’un dossier sur le hêtre en Normandie, publié en 1995 dans les colonnes de Patrimoine Normand1.

LE HÊTRE « PLEUREUR » DU JARDIN BOTANIQUE DE BAYEUX. FAGUS SYLVATICA « PENDULA ».

Un peu l’écart des autres grands arbres du parc, dans une sorte de « décrochement » rompant la rectitude du tracé du jardin botanique, le hêtre pleureur est vraiment le joyau de ce très bel ensemble crée par les frères Buhler au milieu du XIXe siècle et ouvert au public le 15 août 1864.

Soutenues par une charpente métallique datant de 1938, ses branches couvrent la superficie circulaire de 1256 m2, ce qui correspond à un rayon moyen de 20 mètres.

La première question que l’on se pose toujours à propos d’un arbre – et à laquelle il est, la plupart du temps, bien difficile de répondre – est : « quel âge a-t-il ? » Si on se réfère aux dates indiquées ci-dessus, il aurait environ 150 ans… S’il a réellement été planté en même temps que les autres arbres du jardin. Mais est-ce les cas ? N’existait-il pas « avant » ? N’a-t-il pas, du fait de son originalité déjà marquée, été inclus dans le parc, ce qui expliquerait sa situation un peu « excentrée » ? Il serait, alors, beaucoup plus vieux ! Peu de documents existent à ce sujet.

On sait, d’une part, qu’il arrivait souvent aux frères Buhler de construire leurs plans de jardins autour de sujets ou constructions (bassin, fontaines…) leur paraissant intéressants. Mais cet arbre n’apparaît sur aucun des plans établis pour la municipalité par M. Delarue, et refusés par les Bâtiments de France. Nulle mention, non plus sur le plan même des frères Bulher. S’il s’était déjà singularise, pourquoi le passer sous silence ?

De sa plantation, pas d’avantage de trace. Les concepteurs avaient à l’origine, prévu plusieurs hêtres pleureurs dans le jardin, Un seul y figure, actuellement, alors que, dans l’allée, on peut admirer ceux qui, fort différents de celui du jardin, datent de sa création.

L’armature métallique pourrait être un indice. On sait que celle qui existe aujourd’hui2 date de 1938, et qu’elle vient en remplacement de la précédente, érigée en 1913. On ignore, par contre, si celle-ci est la première construite. Ce qui est certain, c’est que l’actuelle a strictement – à l’exception des arceaux rajoutés, le dernier en 1975-76 – les mêmes dimensions (hauteur en particulier) que l’ancienne. Le mystère ne semble pas près d’être éclairci…
 

Depuis 2001, l'armature métallique a été remplacée par une structure originale. Les branches ne reposent plus sur des poutres métalliques, mais sont suspendues par des sangles à un filet métallique tenu par quatre mâts, ce qui les rend libres de leurs mouvements. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand) 

Depuis 2001, l’armature métallique a été remplacée par une structure originale. Les branches ne reposent plus sur des poutres métalliques, mais sont suspendues par des sangles à un filet métallique tenu par quatre mâts, ce qui les rend libres de leurs mouvements. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)

Autre interrogation : est-ce vraiment un hêtre « pleureur » ?

Si on le compare à un hêtre « pleureur » classique – celui de la Ferme de La Rivière à Littry, par exemple, d’âge « officiel » sensiblement équivalent, on est frappé par la différence qui existe entre leurs deux ports respectifs. Les branches de celui de Littry croissent en hauteur, puis retombent ; celles du hêtre de Bayeux s’allongent horizontalement, prenant appui sur la structure métallique sans la quelles elles traîneraient sur le sol. Le fût du premier prend de la hauteur : la « tête » visible sur celui de Bayeux. Le fût ne s’allonge pas ! Une question s’impose à notre imagination : quelle serait la silhouette actuelle de cet arbre si rien, jamais, n’avais conduit, guidé – peut-être gêné ? la croissance de ces branches ? N’aurait-il pas la forme buissonnante et tortueuse des Faux de Verzy, près de Reims ? Ses ramures n’auraient-elles pas cette allure « zigzagante, tire-bouchonnante », ne seraient-elles pas « repliées sur elles-mêmes, se soudant, se traversant, se séparant… » ? Qui peut le dire ? Aucun botaniste ne se prononce avec certitude. Et, comme le dit Régis Gallois, responsable des espaces verts de Bayeux, « c’est bien ainsi » ! Le mystère sied bien à cet arbre d’exception.

Tel qu’il nous apparaît aujourd’hui, en tous cas, les spécialistes qui l’ont soigné à l’automne 1994 affirment qu’il est unique en France, et peut-être même en Europe. Classé Monument Naturel3 le 13 décembre 1932, il est l’objet de soins attentifs de la part de la municipalité de Bayeux. Débarrassé des champignons qui le parasitaient, éclairci légèrement par les élagueurs de l’entreprise De Jonghe de Paris, protégé par une balustrade du piétinement des curieux qui asphyxiait ses racines. Le remplacement de cette structure s’impose. Consciente de l’urgence de cette opération, la Ville de Bayeux a fait établir plusieurs devis dont le coût élevé s’explique par la difficulté et le danger de l’opération ? En effet, des morceaux entiers de charpente s’effondrent spontanément : certains reste partiellement suspendus à l’arbre, « englobés », on pourrait dire « phagocytés » par des branches qu’ils devaient soutenir. Les risques de rupture sont nombreux, tant de la part de l’arbre lui-même que de celle des poutres métalliques. Déjà en 1938, la structure ancienne s’était affaissée en même temps que la nouvelle, et celle qui existe actuellement a dû être érigée « en catastrophe » !

La seule municipalité de Bayeux peut difficilement assumer en totalité un tel coût. Des demandes d’aides sont en cours. Nous espérons qu’une réponse favorable permettra le sauvetage d’un arbre dont le caractère exceptionnel fait de lui non plus seulement une curiosité municipale, ni même régionale, mais aux côtés du Chêne d’Allouville, de nos Ifs millénaires, de l’Aubépine de Saint-Mars-sur-la-Futaie, de l’Oliver de Roquebrune, etc. un membre important de notre patrimoine arboricole national !


1) Un grand normand : le hêtre, par Aline Renault, in Patrimoine Normand n°03, juin 1995.
2) L’armature métallique n’existe plus. Voir photo ci-dessus.
3) Également labellisé « arbre remarquable de France » en 2001.

 

À LIRE :
 
?- Un grand normand : le hêtre, par Aline Renault, in Patrimoine Normand n°03, juin 1995 ?.
Le jardin botanique de Bayeux, par Aline Renault, in Patrimoine Normand n°06, janvier 1996.
Bayeux : jardin botanique et monument historique !, par Olinda Longuet, in Patrimoine Normand n°68, novembre 2008.
 
Informations sur le concours « L’Arbre de l’Année » : https://www.bayeux.fr/
 
Extrait d’article publié dans Patrimoine Normand n°03 (juin 1995), par Aline Renault.

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Le hêtre pleureur de Bayeux élu arbre de l’année 2023

Le hêtre pleureur du jardin botanique de Bayeux. (© Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)

Le hêtre pleureur du jardin botanique de Bayeux a obtenu le prix du public du concours « L’Arbre de l’année » 2023. Il sera le représentant de la France dans le concours européen. Découvrons son histoire grâce à l’extrait d’un dossier sur le hêtre en Normandie, publié en 1995 dans les colonnes de Patrimoine Normand1.

LE HÊTRE « PLEUREUR » DU JARDIN BOTANIQUE DE BAYEUX. FAGUS SYLVATICA « PENDULA ».

Un peu l’écart des autres grands arbres du parc, dans une sorte de « décrochement » rompant la rectitude du tracé du jardin botanique, le hêtre pleureur est vraiment le joyau de ce très bel ensemble crée par les frères Buhler au milieu du XIXe siècle et ouvert au public le 15 août 1864.

Soutenues par une charpente métallique datant de 1938, ses branches couvrent la superficie circulaire de 1256 m2, ce qui correspond à un rayon moyen de 20 mètres.

La première question que l’on se pose toujours à propos d’un arbre – et à laquelle il est, la plupart du temps, bien difficile de répondre – est : « quel âge a-t-il ? » Si on se réfère aux dates indiquées ci-dessus, il aurait environ 150 ans… S’il a réellement été planté en même temps que les autres arbres du jardin. Mais est-ce les cas ? N’existait-il pas « avant » ? N’a-t-il pas, du fait de son originalité déjà marquée, été inclus dans le parc, ce qui expliquerait sa situation un peu « excentrée » ? Il serait, alors, beaucoup plus vieux ! Peu de documents existent à ce sujet.

On sait, d’une part, qu’il arrivait souvent aux frères Buhler de construire leurs plans de jardins autour de sujets ou constructions (bassin, fontaines…) leur paraissant intéressants. Mais cet arbre n’apparaît sur aucun des plans établis pour la municipalité par M. Delarue, et refusés par les Bâtiments de France. Nulle mention, non plus sur le plan même des frères Bulher. S’il s’était déjà singularise, pourquoi le passer sous silence ?

De sa plantation, pas d’avantage de trace. Les concepteurs avaient à l’origine, prévu plusieurs hêtres pleureurs dans le jardin, Un seul y figure, actuellement, alors que, dans l’allée, on peut admirer ceux qui, fort différents de celui du jardin, datent de sa création.

L’armature métallique pourrait être un indice. On sait que celle qui existe aujourd’hui2 date de 1938, et qu’elle vient en remplacement de la précédente, érigée en 1913. On ignore, par contre, si celle-ci est la première construite. Ce qui est certain, c’est que l’actuelle a strictement – à l’exception des arceaux rajoutés, le dernier en 1975-76 – les mêmes dimensions (hauteur en particulier) que l’ancienne. Le mystère ne semble pas près d’être éclairci…
 

Depuis 2001, l'armature métallique a été remplacée par une structure originale. Les branches ne reposent plus sur des poutres métalliques, mais sont suspendues par des sangles à un filet métallique tenu par quatre mâts, ce qui les rend libres de leurs mouvements. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand) 

Depuis 2001, l’armature métallique a été remplacée par une structure originale. Les branches ne reposent plus sur des poutres métalliques, mais sont suspendues par des sangles à un filet métallique tenu par quatre mâts, ce qui les rend libres de leurs mouvements. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)

Autre interrogation : est-ce vraiment un hêtre « pleureur » ?

Si on le compare à un hêtre « pleureur » classique – celui de la Ferme de La Rivière à Littry, par exemple, d’âge « officiel » sensiblement équivalent, on est frappé par la différence qui existe entre leurs deux ports respectifs. Les branches de celui de Littry croissent en hauteur, puis retombent ; celles du hêtre de Bayeux s’allongent horizontalement, prenant appui sur la structure métallique sans laquelle elles traîneraient sur le sol. Le fût du premier prend de la hauteur : la « tête » de l’arbre se distingue aisément. Pas de « tête » visible sur celui de Bayeux, le fût ne s’allonge pas ! Une question s’impose à notre imagination : quelle serait la silhouette actuelle de cet arbre si rien, jamais, n’avais conduit, guidé peut-être gêné ? la croissance de ces branches ? N’aurait-il pas la forme buissonnante et tortueuse des Faux de Verzy (voir photo ci-dessous) ? Ses ramures n’auraient-elles pas cette allure « zigzagante, tire-bouchonnante », ne seraient-elles pas « repliées sur elles-mêmes, se soudant, se traversant, se séparant… » ? Qui peut le dire ?
 

Le hêtre tortillard (ou Fau de Verzy) de l'arboretum d'Harcourt. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand) 

Le hêtre tortillard (ou Fau de Verzy) de l’arboretum d’Harcourt(Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)

Hêtre pleureur, Fau de Verzy, forme intermédiaire, espèce indéterminée ? Aucun botaniste ne se prononce avec certitude. Et, comme le dit Régis Gallois, responsable des espaces verts de Bayeux, « c’est bien ainsi » ! Le mystère sied bien à cet arbre d’exception.

Tel qu’il nous apparaît aujourd’hui, en tous cas, les spécialistes qui l’ont soigné à l’automne 1994 affirment qu’il est unique en France, et peut-être même en Europe. Classé Monument Naturel3 le 13 décembre 1932, il est l’objet de soins attentifs de la part de la municipalité de Bayeux. Débarrassé des champignons qui le parasitaient, éclairci légèrement par les élagueurs de l’entreprise De Jonghe de Paris, protégé par une balustrade du piétinement des curieux qui asphyxiait ses racines. Le remplacement de cette structure s’impose. Consciente de l’urgence de cette opération, la Ville de Bayeux a fait établir plusieurs devis dont le coût élevé s’explique par la difficulté et le danger de l’opération ? En effet, des morceaux entiers de charpente s’effondrent spontanément : certains reste partiellement suspendus à l’arbre, « englobés », on pourrait dire « phagocytés » par des branches qu’ils devaient soutenir. Les risques de rupture sont nombreux, tant de la part de l’arbre lui-même que de celle des poutres métalliques. Déjà en 1938, la structure ancienne s’était affaissée en même temps que la nouvelle, et celle qui existe actuellement a dû être érigée « en catastrophe » !

La seule municipalité de Bayeux peut difficilement assumer en totalité un tel coût. Des demandes d’aides sont en cours. Nous espérons qu’une réponse favorable permettra le sauvetage d’un arbre dont le caractère exceptionnel fait de lui non plus seulement une curiosité municipale, ni même régionale, mais aux côtés du Chêne d’Allouville, de nos Ifs millénaires, de l’Aubépine de Saint-Mars-sur-la-Futaie, de l’Oliver de Roquebrune, etc. un membre important de notre patrimoine arboricole national !


1) Un grand normand : le hêtre, par Aline Renault, in Patrimoine Normand n°03, juin 1995.
2) L’armature métallique n’existe plus. Voir photo ci-dessus.
3) Également labellisé « arbre remarquable de France » en 2000.

 

À LIRE :
 
Un grand normand : le hêtre, par Aline Renault, in Patrimoine Normand n°03, juin 1995 ?.
Le jardin botanique de Bayeux, par Aline Renault, in Patrimoine Normand n°06, janvier 1996.
Bayeux : jardin botanique et monument historique !, par Olinda Longuet, in Patrimoine Normand n°68, novembre 2008.
– Le hêtre pleureur de Bayeux sera t-il arbre européen de l’année ?, par Rodolphe Corbin, publié le 30 janvier 2024.
 
Informations sur le concours « L’Arbre de l’Année » : https://www.bayeux.fr/
 
Extrait d’article publié dans Patrimoine Normand n°03 (juin 1995), par Aline Renault.

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